En vertu de l'article 8, alinéa 1 de la Constitution, le Président nomme effectivement le Premier ministre. Ce pouvoir ne nécessite pas de contreseing, ce qui peut donner l'impression que le Président dispose d'une totale liberté dans ce domaine.
En cas de défaite de la majorité présidentielle, le président de la République conserve-t-il le pouvoir discrétionnaire de choisir le nom du Premier ministre ?
Il est également vrai que la Constitution n'oblige pas le Premier ministre et le gouvernement fraîchement nommés à demander l'investiture de l'Assemblée nationale. C'est pourquoi, lorsque la majorité des députés soutient le Président de la République, c'est-à-dire lorsque leur orientation politique est alignée, le pouvoir de nomination du Président lui permet de choisir librement le Premier ministre. Cette situation fréquente sous la Cinquième République a conduit à la perception que le Président peut nommer qui bon lui semble, parfois en reléguant le Premier ministre au rang de simple collaborateur. Dans ce contexte, l'Assemblée nationale semble avoir peu de poids dans la décision.
Cependant, il faut se rappeler que dans le cas où la majorité parlementaire appartient à un camp opposé à celui du Président, situation connue sous le nom de cohabitation, le Président perd, de facto, ce pouvoir discrétionnaire. Si le Président nomme un Premier ministre qui n'est pas soutenu par la majorité parlementaire, les députés peuvent déposer une motion de censure et renverser le gouvernement. Ils peuvent réitérer ce processus jusqu'à ce que le Président nomme une personne acceptable pour eux. Le président de la République n’aura aucun argument à opposer, car il ne peut dissoudre l’Assemblée nationale en représailles, pendant un an.
Dire que Macron ne tentera pas de s’immiscer dans le choix du Premier ministre en collaboration avec les partis vainqueurs des élections serait trompeur. Simplement, le président de la République ne garde pas le pouvoir discrétionnaire de désigner un premier ministre en cas de défaite de la majorité présidentielle.